Bombay, le 6 janvier 1997

Message au Sangat


Comprenez le sentiment qui vient de mon coeur et appréciez-le.

Chers enfants de nos vrais seigneurs Hazur Sawan et Kirpal, en le saint nom et en souvenir de mon grand Maître, je vous offre tous mes voeux à l'occasion de la nouvelle année. Je souhaite que la nouvelle année soit remplie de bonheur et que vous soyez toujours sur le sentier du progrès. Bien-aimés, tous les sages et les voyants, les maîtres et les prophètes, chacun en leur temps et dans leur langue, nous ont mis en garde dans leurs propres mots, nous ont prévenu du fait que nous ne savons jamais d'où et quand l'aigle de la mort va venir pour nous emporter. Il ne se soucie pas que nous soyons grand ou petit, femme ou homme, riche ou pauvre, blanc ou noir, ni du fait que nous venions d'occident ou d'orient. Lorsqu'il vient, rien ne peut le retarder. Il n'a peur de personne. Il n'épargne personne, il ne fait de concession à personne. En fait il est très ponctuel, il vient à l'heure exacte nous montrer son visage. Il s'empare de notre vie tandis que nous sommes en train de pleurer, de crier et de plaider notre cause. Dans le Gurbani il est dit : «Qu'on soit roi ou seigneur, pauvre ou fakir, personne ne peut rester ici, chacun s'en va lorsque son tour est venu, personne ne réconforte personne.»

Quand il parlait de la mort dans ses satsangs, notre Père Suprême Kirpal Singh Ji citait toujours ce couplet en Urdu :

Nul ne connaît le jour de sa mort
Nul ne sait ce qui lui réserve l'instant
Mais il amasse des biens pour un siècle

Cela signifie que nous autres les jivas oublieuses nous avons oublié que nous devons mourir et que, l'ayant oublié, nous amassons des biens pour durer des siècles, alors que nous ne savons même pas si nous pourrons prendre notre prochaine respiration. Notre vrai Seigneur Sawan Singh Ji disait toujours que la chose la plus étonnante est que nous accompagnons les nôtres jusqu'au bûcher funéraire, nous remettons parents et amis aux flammes, mais jamais nous n'avons fait prendre conscience à notre mental rusé et insensé que la même chose va nous arriver un jour, et qu'un jour tout à coup il va falloir que nous aussi nous quittions le marché qu'est ce monde. Nous ne savons pas quand ce moment va venir. Le Gurbani dit : «Ouvre tes yeux et observe où sont tes frères et soeurs : l'un part, l'autre va partir, chacun part lorsque le moment est venu.» Le Saint sufi Farid Sahib dit : «Les os se brisent, on ressent de la douleur au moment de la mort. La pauvre âme est arrachée en brisant les os.» Kabir Sahib explique que lorsque les pranas sont séparés du corps, les fantômes la font approcher. Personne ne peut la garder même un moment. L'âme est jetée hors de chez elle. Farid Sahib a écrit aussi : «Ta femme, que tu aimais tant et qui a toujours vécu avec toi s'en va elle aussi en disant que tu n'es plus qu'un fantôme. Bhagat Nam Dev a fait le portrait de ce moment de la façon suivante: «Duyordhan et ses cent frères disaient: 'Ceci est à moi, cela est à moi'. Leur royaume s'étendait très loin. Mais quand ils sont morts, les vautours eux-mêmes ne voulurent pas de leur corps. Ravana était un roi très puissant. Son royaume de Lanka était cousu d'or. À la porte de son palais, les éléphants étaient attachés. Mais en un instant tout cela devint la propriété d'un autre.

Les paroles des Saints sont très claires : elles ne nous laissent aucune illusion. Guru Nanak Sahib a dit: "O Bien-aimés, n'imaginez pas que la mort ne va survenir qu'après que vous ayez obtenu d'un astrologue le moment et le lieu exacts". Nanak dit que la mort n'attend pas le bon moment, elle ne tient compte ni de la date, ni du jour. Elle expédie celui-ci, elle va expédier celui-là, et tous vont recevoir le châtiment. Nanak a même dit clairement qu'il ne faut pas s'imaginer que la mort ne frappe que les pauvres et qu'elle épargne les rois et les empereurs. Non, frères, elle frappe tous sans distinction. Nous avons vu les sultans réduits à un tas de cendres. Nanak dit : "Chacun s'en va et il lui faut mettre fin à son amour pour les choses fausses."

Donc, mes chers enfants, en même temps que je vous envoie mes souhaits avec beaucoup de joie et d'enthousiasme, je veux aussi vous dire, avec des mots très emphatiques et avec tout mon coeur et mon amour, je veux vous exhorter à revenir à la raison et à oeuvrer avec sagesse. Éveillez-vous du profond sommeil de l'attachement, de l'illusion et l'ignorance. Ouvrez les yeux, comprenez la vérité, admettez la réalité de la mort et la fausseté de la vie. Amassez la seule richesse qui vous aidera au moment de la fin et qui vous accompgnera lorsque vous quitterez ce monde.

Comme vous le savez, les Saints ont tous insisté sur l'importance du corps humain. Ils ont tous dit que c'est seulement dans le corps humain qu'on peut rencontrer Dieu Tout-Puissant. Les autres corps n'ont pas ce privilège. Kabir Sahib a expliqué quelle est la gloire de la naissance humaine et a essayé de nous faire comprendre l'importance de ce travail si important et qu'on ne peut accomplir dans aucun autre corps. Il a dit : "Ce corps que même les dieux désirent obtenir est le corps dans lequel on peut se consacrer entièrement à Dieu Tout-Puissant. Souvenez-vous toujours de Dieu Tout-Puissant, ne l'oubliez pas, car c'est le seul avantage à tirer de cette naissance humaine."

Guru Arjan Dev Ji dit : "Le corps le plus parfait parmi les huit millions quatre cent mille de la création est le corps humain. Dieu lui a conféré cette gloire. Celui qui manque cette étape va et vient et erre dans la misère et la souffrance." À un autre endroit, Guru Arjan Dev Ji dit : "Vous avez le corps humain. C'est la seule occasion que vous aurez de rencontrer Dieu Tout-Puissant. Toutes autres oeuvres ne sont d'aucune utilité. Avec l'assemblée du Sadh Sangat, méditez sur le seul Naam."

Chers enfants, tout ce que je vous dis ici, je vous le dis à chaque satsang. Mais aujourd'hui je vous le répète en employant des mots plus puissants, afin que vous fassiez plus attention. Comprenez ce que je vous dis et conformez-y votre vie dès aujourd'hui. Chers enfants, comprenez le sentiment qui vient de mon coeur et appréciez-le. Faites de mes paroles le centre de votre vie. Consacrez de plus en plus de temps à la méditation afin que je puisse trouver un peu de confort, et de l'aide dans l'accomplissement de la tâche que mon grand Maître m'a confiée. Puisse mon fardeau être allégé et la Grâce et le Plaisir de nos deux grands Maîtres pleuvoir sur vous.

Bien-aimés, cette occasion ne se représentera pas. Si vous la perdez, vous pleurerez et vous vous repentirez. Que puis-je dire de plus pour vous convaincre? Écoutez la supplique qui vient du fonds de mon coeur. Comprenez-moi et à partir d'aujourd'hui, ou plutôt à partir de ce moment même, consacrez-vous à votre Bhajan et à votre Simran de toutes vos forces. Si nos gains sont honnêtes, si notre vie est pure, si nous avons foi en le Maître, notre méditation s'épanouira très vite. Donc debout! Passons à l'attaque, mettons-nous en marche vers la Cour du Maître pour y gagner Son Plaisir et en rendre dignes cette vie et la prochaine.

Ajaib Singh,

Le nettoyeur de vos chaussures

Bombay, le 6 janvier 1997